2022 : la course des petits chevaux est lancée

Chaque élection présidentielle voit ses manœuvres d’appareil et ses stratégies bancales se mettre en place. Ce sont souvent les mêmes modes de fonctionnement, les mêmes arrangements de coin de table. Les lignes politiques ne sont finalement jamais mises en discussion et c’est la course de petits chevaux qui se lance. On est bien loin de l’implication populaire que chacun brandit comme un mantra.

Lors de la campagne de 2017, l’alpha et l’oméga de la réflexion politique pouvait se résumer à cela : lutter-et-faire-barrage-à-la-droite-et-l’extrême-droite. De réflexion, en définitive, il s’était agit plus de postures pour empêcher qu’une gauche plus radicale ne s’installe dans le pays. Pourtant, cela n’a pas empêché Jean-Luc Mélenchon  de réunir près de 20% des suffrages à l’élection présidentielle.

Pourquoi ? Parce que le choix des électeurs ne s’est pas porté sur des postures anti-droite-et-extrême-droite, mais bien sur des visions politiques, des propositions concrètes. Nous avions beaucoup travaillé en amont, et sous les radars médiatiques sur les questions économiques, sociales, démocratiques et européennes. L’attelage Hamon-Jadot s’est fracassé parce que les gens ne voyaient pas vraiment la différence entre ce qui sortait du quinquennat Hollande et la candidature d’une personne du PS, membre du gouvernement Hollande, soutenue par des écologistes eux-mêmes membres du gouvernement Hollande. Ils étaient atones sur les questions essentielles que sont la géopolitique, le rapport aux institutions européennes et sur une vision clairement anti-libérale de l’écologie.

Si 2017 avait son mantra contre la droite et l’extrême-droite, on voit maintenant que la tendance est sur la question écologique. Pour l’heure, chacun avance ses pions. Génération.s de Benoît Hamon a compris qu’il ne serait qu’une force d’appoint. Le sens de la candidature d’Hamon aux européennes en 2019 avait son sens. Se compter pour voir où son mouvement se situait sur l’échelon politique. L’échec fût cuisant. Et ce n’est pas faire injure aux camarades de Génération.s que de le dire. Ils se mettent dans la roue d’EELV, qui sort a priori renforcé de la séquences européennes/municipales. Je dis bien a priori car aux européennes, le peu de gens qui ont voté ne l’ont pas fait sur des questions d’orientations politiques et pour les municipales, là où les verts sont partis seuls, ils n’ont pas fait de miracles. L’enracinement local de leurs partenaires a joué à plein et tirer des plans sur la comète pour une élection si particulière qu’est l’élection présidentielle semble franchement présomptueux.  

A cette heure, la presse en fait des tonnes sur la candidature de Jadot, les ambitions présidentielles d’Eric Piolle, le fait que Macron ne se sentirait menacé que par Anne Hidalgo, que Jean-Marie Bigard sera candidat ou que Michel Onfray prendrait la tête des « souverainistes des deux bords ». Dans la vraie vie, tout ça, c’est de la littérature. A l’heure où nous parlons, que ce soit le PS ou EELV, aucune de ses forces ne dispose d’une ligne politique claire. Ils n’ont pas de programme, personne ne connait leurs orientations, et tout le monde sait que les liens avec le libéralisme, le marché, la flexibilité du marché du travail et autres ne seront pas coupés. L’écologie de marché, c’est le même tarif. On peut présenter sous l’angle que l’on veut, avec un joli papier cadeau, cette ligne politique reste minoritaire et les français n’en veulent pas.

A chaque élection, c’est la même chose. La seule question qui vaille et à laquelle tout ce petit monde ne veut surtout pas répondre est la suivante : le tout sauf Mélenchon, pour faire quoi ?

Il ne s’agit pas ici de faire les victimes des méchants camarades qui ne veulent pas travailler avec la France insoumise. C’est une réalité. A de nombreuses reprises, le PS ou les Verts ont expliqué que la gauche réunie, c’est sans Mélenchon. La posture d’exclusion de base, avec de l’expérience, chacun le sait, ça ne rassemble pas grand-chose. Les sondages sont ce qu’ils sont, mais en août 2020, Jean-Luc Mélenchon est crédité de 13% des intentions de votes (malgré tout ce qu’il a subi depuis 2017), quand Jadot monte tout juste à 8% et le PS à 3%. Qui plus est, en politique, les pourcentages ne s’additionnent pas forcément et malgré cela, un attelage PS/EELV resterait malgré tout derrière Mélenchon.

Jean-Luc Mélenchon, candidat à la présidentielle de 2017

Malgré les déconvenues européennes et municipales, la France insoumise reste, qu’on le veuille ou non, le moteur de la révolution citoyenne dont le pays a besoin. En 2015, Mélenchon émargeait à 8% dans les sondages. En 2020, à deux ans de l’élection, il est déjà à 13%. S’il y a un attachement des français, jeunes, précaires ouvriers et salariés pour sa candidature, c’est parce qu’il incarne une ligne constante, claire et cohérente avec ses engagements de longue date.

2022 sera un tournant pour notre pays. Trois options s’offrent aux français : le repli xénophobe, la logique ultra-libérale, et enfin la mise à plat et la redéfinition du cadre collectif. Je reste persuadé que nous avons besoin d’une sixième République, d’un président avec moins de pouvoirs, d’une règle verte et d’une planification écologique, d’une réindustrialisation du pays, d’un réel partage de la richesse, et d’apaiser les tensions qui s’exacerbent dans la société. Pour cela, nous avons besoin de clarté et de cohérence. Pas de ces jeux de petits chevaux et d’accords de coin de table.

14 réponses sur “2022 : la course des petits chevaux est lancée”

  1. Tout à fait d’accord ,l’avenir en Commun est un vrai programme progressiste de nos biens communs et de l’intérêt général du plus grand nombre face aux néolibéraux de tout bords et des xénophobes
    La 6 ème republique et la Constituante,la règle verte sont la base de la Révolution citoyenne ,nous savons que la caste du CAC 40 l’UE feront tout pour nous empêcher ,mais solidaires tous ensembles nous pouvons le faire ,en 1946 la France était ruinée en 2 ans le CNR et Ambroise Croizat ont réussi à créer « les jours heureux  »
    En 2022 nous devons voter pour ce programme l’abstention au 1 er tour sert les intérêts des néolibéraux LREM et ses soi-disants dissidents de l’Assemblees nationales , PS MODEM UDI VERT DE GRIS ( jadot ) RN l’assurance vie de cette caste dont elle fait partie ,n’en douter pas ,l’étranger son fond de commerce et cela sera un sujet sur lequel ils créeront les divisons aidés par les mediacrasses ,dés qu’un fait divers à apparaît sur leur infâme quotidien valeurs actuelles en verite encore un canard appartenant à l’oligarchie et activer le syndrome du larbin ..
    @JLM2022 mon Président nul autre

  2. Bon billet Arnaud…un de plus…
    Il faut vite que Jean-Luc se déclare, sorte de la mêlée et ne considère la FI que comme une force de soutien, qu’il porte en bannière et selon ses seuls choix, la rupture avec la 5ème et ses institutions par la Constituante dont il convoquera l’élection, que le PG s’engage de manière autonome dans la popularisation de l’écosocialisme. Il est pour moi la seule solution. Qu’on ne s’éternise donc pas sur le débat stérile du programme avant l’homme (nous sommes en 5ème république) ou sur un hypothétique débat sur les prétendants possibles.

  3. Un vieux cheval de retour dans la course aux petits chevaux.. Si elle peut être du côté de la FI, la solution n’est pas du côté de JLM dont la personnalité est au moins aussi clivante qu’elle peut être charismatique. Une partie des militants de G.s ne cautionne pas les manœuvres d’appareil que le mouvement dénonce, par ailleurs. Sans réelle ouverture, sans un vrai débat de projets pour la Gauche : les rossinantes PS, PC, LFI, les écuries flambant neuves d’EEVL ne parviendront seuls à gagner la course. Et là, on pressent bien que nous sommes déjà en train de perdre la partie. Une fois de plus.

  4. Tres bonne analyse, fine et pertinente.
    J’attends, avec impatience, que JLM se déclare et reporte haut et fort la voix (et la voie) de l’Avenir En Commun.

  5. Entierement d’accord avec vous. Soit on gagne avec Jean-Luc, soit qu’on gagne ou perde ça n’a plus aucun intérêt. Ce sera donc Jean-Luc ou peut-être Mathilde au premier tour et si on est absent au second, ce sera abstention comme en 2017.

  6. Avec tout le respect que j’ai pour JL Melenchon, sa candidature n’est pas à l’ordre du jour. Élire un président de la cinquième République n’est pas le meilleur moyen de créer la sixième. Nous avons besoin d’une constituante et cela passe par un boycott de la présidentielle. Après tout il y a des législatives, non ?

    1. Pierre HENNEQUIN : le projet de 6ème république comporte
      1- l’élection de JLM
      2- la mise en place de la nouvelle constitution
      3- le départ de JLM en tant que Président
      4- l’élection d’un nouveau président s’il est prévu dans la nouvelle constitution qu’il est nécessaire d’avoir un président …..
      Quant au boycott de la présidentielle il ne serait suivi que par peu de monde et donc ne servirait à rien !

  7. Si Jean Luc Mélenchon a frôlé le 2ème tour en 2017, ne lui manquant que 600 000 voix, sa candidature est tout à fait capable de réunir le million de voix nécessaire pour y parvenir en 2022 . Soyons certains qu’au fur et à mesure que sa campagne prendra de l’ampleur, les sondages suivrons pour qu’il s’impose comme l’homme de la situation d’un changement radical tant écologique que sociétal . C’est LA dernière chance qui nous est donnée de mettre fin à cette société archaïque dont nombre de nos compatriotes
    commencent à prendre conscience avec l’évidence du changement climatique couplé à la crise sanitaire du Covid
    19. Ne nous y trompons pas, en cas de déception il nous faudra boycotter nombreux les urnes et permettre ainsi l’élection au rabais de Le Pen pour ensuite lancer un dernier appel à l’élection massive de députés si possible insoumis pour reprendre le pouvoir législatif … Donc en aucun cas Macron bis .
    Seul Jean Luc Mélenchon avec son expérience, son charisme et ses capacités à unifier la France sera à même de préparer l’avènement de cette 6ème République qui en effet prévoit à bon escient de réduire les pouvoirs présidentiels afin ensuite de faire émerger toutes les capacités prodigieuses des membres de son équipe prêts à poursuivre la construction de notre fabuleux projet . Je propose donc d’écrire ensemble le projet de cette campagne autour d’une histoire comme le font si bien les publicitaires qui nous peignent un décor idyllique voire démesuré, porteur de toutes les espérances et les imaginations humaines, pour nous donner envie … d’acheter leur produit ! Mon idée pour cette élection :
    L’ENVIE DES JOURS HEUREUX ;

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