Dans son discours du 14 juillet, Emmanuel Macron a donc fait l’annonce de sa volonté à ce que les français portent le masque de façon obligatoire dans les lieux publics clos à compter du 1er août 2020. Cette mesure vise donc à anticiper une potentielle arrivée d’une seconde vague épidémique de Coronavirus, pendant l’été ou à partir des mois de septembre et octobre. Cette mesure est réclamée, de mon point de vue, à juste titre par le corps médical. Car en effet, si les beaux jours sont revenus, le temps où l’on qualifiait nos soignants de héros à nos fenêtres tous les soirs à 20 heures semble lointain. Rappelons qu’ils ont tout de même été en première ligne, ils ont fait tenir avec leur seul courage tout notre système hospitalier à bout de souffle après trente ans de réformes libérales successives. De ce point de vue, on comprend leur colère lorsque l’on voit les propositions du gouvernement visant à corriger le tir lors du Ségur de la Santé.
Pour revenir à l’annonce présidentielle, nous allons sûrement assister à un scandale d’état supplémentaire. La barre des 30 000 décès est dorénavant dépassée et les polémiques sur la gestion de la crise sanitaire ne désenflent pas. Chacun se souvient des déclarations de la porte-parole du gouvernement d’alors au sujet de l’inutilité du port du masque. Madame Sibeth Ndiaye déclarait ceci le 25 mars (9 jours après le début du confinement) : « Il n’y a pas besoin d’un masque quand on respecte la distance de protection vis-à-vis des autres ». En cela, la porte-parole du gouvernement n’a fait que répéter ce que disait Édouard Philippe, populaire 1er ministre sur le JT de 13 heures de TF1 : « Le port du masque, en population générale dans la rue, ça ne sert à rien ». Il s’agissait alors pour le gouvernement de nous envoyer aux urnes pour les élections municipales. Médiapart a montré de son côté comment le gouvernement à chercher en fait à cacher aux français la pénurie que nous subissons depuis des années. Une dissimulation extrêmement grave au regard des évènements qui se sont produits dans nos EHPAD et dans nos hôpitaux. Un scandale d’état pour de nombreux observateurs et acteurs de la vie politique française.
La conséquence de cette succession de mensonges est un effondrement de la confiance des français dans l’action politique. La CoVid-19 ne suffit pas expliquer pourquoi plus de 60% des français ne sont pas allés voter au second tour des élections municipales ! Pire, cette abstention explose chez les jeunes (72% chez les moins de 35 ans), chez les salariés (65%) et chez les ouvriers (70%). L’analyse d’une insurrection froide, d’une grève civique faite par Jean-Luc Mélenchon est totalement fondée. Cette défiance vis-à-vis des annonces gouvernementales amène des conséquences particulières. Dans une époque où toute parole se vaut, un courant de plus en plus puissant se fait entendre sur le refus de porter le masque tout court. De plus en plus de personnes sur les réseaux sociaux se transmettent des documents prétendument scientifiques expliquant que porter le masque est dangereux pour la santé. Si cette réaction de rejet à des mécanismes est finalement assez classique, les conséquences n’en seront pas moins graves. Cette crise sanitaire, due à une Infection Respiratoire Aiguë (IRA), semble inédite alors que nous avons affaire à ces dernières depuis longtemps maintenant. Par curiosité, je suis allé regarder les préconisations pour faire face à ces IRA, notamment dans les EHPAD. Dans le bulletin épidémiologique hebdomadaire numéro 41 de l’Institut de Veille Sanitaire daté du 3 novembre 2009, on apprend que le test massif, le port du masque et l’isolement sont les meilleures choses à mettre en place lorsque que nous faisons face à un risque d’épidémie respiratoire ! Nous connaissions donc déjà cela depuis de nombreuses années. La France était désarmée pour faire face à l’arrivée de la CoVid-19, voilà la vérité.
Pour conclure, cette gestion de crise a donc été un scandale. Elle a montré la faiblesse de notre état, de nos hôpitaux, de notre capacité à prévoir et à planifier la sécurité sanitaire des français, et le pire s’est trouvé dans la dissimulation de nos difficultés dans un moment où nous avions besoin de connaître l’état de lieu de notre pays. Raison pour la quelle Jean-Luc Mélenchon a parlé de « clochardisation sanitaire » lors d’un meeting numérique de la France insoumise. A celles et ceux qui en veulent à juste titre au gouvernement, il ne faut pas pour autant rejeter en bloc ce qui relève de la santé publique. Si le gouvernement a failli durant cette crise, le port du masque demeure néanmoins une mesure efficace pour limiter l’étendue d’une deuxième vague qui s’annonce.